Les politiques de la catastrophe en temps de "révolution bolivarienne"

La gestion des sinistrés de La Tragedia de 1999 au Venezuela

 

La thèse traite, dans une approche d’anthropologie politique, des conséquences sociales des coulées de boue qui ont dévasté l'état de Vargas et la zone métropolitaine de Caracas en décembre 1999, événement connu au Venezuela sous le nom de La Tragedia. La recherche révèle que la dimension théologico-politique de la "révolution bolivarienne", projet politique de régénération nationale fondé sur le principe de la répartition socialement juste du revenu pétrolier, marque la gestion par le gouvernement vénézuélien de l'événement.

L’étude de la gestion des sinistrés s'attache à trois temporalités, l’urgence (le moment de la crise), le transit (la relocalisation des affectés en province) et le confinement (la pérennisation des espaces d’hébergement précaires et de la marginalisation). Elle met à contribution les concepts d’exception humanitaire, d'économie morale de la violence et de la répression, ainsi que de biopolitique et de gouvernementalité par la relégation sociale. Trois grands axes organisent la démarche :

l’analyse des modalités de réponse immédiate visant à déployer le sauvetage et à faire face à la violence sociale d'après la destruction, (proclamation de l'état d'urgence et militarisation de la zone affectée) ;

la mise en évidence des expériences de l'assistance et du faisceau de représentations sociales historiquement constituées que le "plan de dignification" des sinistrés socialement défavorisés ravive ;

l'intégration de ces évènements et politiques au cadre plus général de la gouvernementalité des populations exclues ou marginales confrontées à des situations catastrophiques.

• Thèse d'anthropologie sociale et d'ethnologie sous la direction de Didier Fassin, EHESS
  Date de soutenance : 23 octobre 2007