Thèse de Benoît HACHET

La résidence alternée : une sociologie de l'expérience temporelle des parents

La résidence alternée, légalisée en France en 2002, est une pratique minoritaire qui touche toutes les catégories de la population des parents séparés. Elle est entendue de manière stricte comme une organisation qui sépare de façon égale les temps de résidence des enfants entre leurs deux parents. Sous ce principe de symétrie coparentale, le temps vécu par les parents est bichronique, marqué par la succession réitérée de temps de même dimension, les uns avec enfants et les autres sans. Nous explorons l’expérience temporelle de cette parentalité alternée à partir d’une méthode mixte qui croise l’analyse de 55 entretiens avec le traitement de 5 103 questionnaires passés auprès des allocataires de la Caisse d’allocations familiales qui ont des enfants en résidence alternée. Dans une première partie, nous contextualisons la question de la résidence alternée dans la France contemporaine. Nous présentons une cartographie des polémiques qu’elle soulève, précisons les évolutions juridiques et les modalités judiciaires de sa mise en place, avant de remarquer que les études existantes sur cet objet sont peu nombreuses et souvent partielles. Si les déterminants socio-économiques du choix de la résidence alternée sont assez bien connus, le fonctionnement concret des alternances est peu étudié. Notre contribution consiste à ouvrir cette boîte noire. Nous inscrivons notre recherche dans une perspective temporaliste qui consiste à interroger les temps différenciés de l’expérience humaine. Dans la deuxième partie, nous caractérisons l’économie générale du cadre temporel de la résidence alternée, en montrant que le partage égal des temps de résidence ne peut se soustraire au temps calendaire dominant. Les deux espaces créés dans ces conditions se constituent en territoires temporels sur lesquels chacun des parents exerce une souveraineté relative selon des règles qui se construisent à l’usage. Nous proposons une topologie des territoires de l’alternance, attentive à leur structure et à leur plasticité. Dans la troisième partie, nous envisageons l’expérience parentale de la succession des temps avec et sans enfant en commençant par préciser les différences de texture temporelle, avant de décrire les modalités de la concordance de ces temps. Nous terminons en changeant d’échelle temporelle pour interroger l’évolution de l’expérience parentale de l’alternance dans la durée, quand elle est confrontée à la survenance de divers événements comme la recomposition familiale ou la mobilité professionnelle. Dans l’ensemble de la thèse, nous sommes attentifs aux variations dans l’organisation et l’expérience temporelle de la résidence alternée selon les variables lourdes de la sociologie, le sexe, l’âge, le milieu social ou le lieu de résidence des parents.

  • Thèse de sociologie préparée sous la direction de Marc Bessin à l’EHESS
  • Date de soutenance : 9 novembre 2018

Composition du jury

  • M. Marc Bessin (Directeur de thèse), CNRS
  • Mme Agnès Martial, CNRS
  • M. Claude Martin, CNRS
  • Mme Laura Merla, Université catholique de Louvain
  • Mme Montserrat Solsona Pairo, Université autonome de Barcelone
  • M. Laurent Toulemon, INED
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