Gérard Noiriel reprend, corrige et actualise son discours de la méthode historique, publié il y a quelques années chez Belin. Devenu un classique, cet ouvrage retrace son parcours d'historien, notamment à travers les grandes figures qui ont compté dans sa formation intellectuelle (Bloch, Bourdieu, Elias, Foucault, Rorty, Weber, mais aussi, de façon inattendue, Virginia Woolf). Comment écrit-on l'histoire ? Quelles sont les grandes influences auxquelles un historien est soumis ? Car penser, c'est toujours penser avec d'autres et par rapport à d'autres que ce soit en s'opposant ou en souscrivant. L'historien ne pense jamais seul.

C'est un ouvrage personnel que propose ici Gérard Noiriel, une sorte d'autobiographie socio-historique, où il parle de ses origines sociales modestes, de sa volonté de faire se rencontrer le travail intellectuel et l'expérience vécue, et de réduire le fossé qui sépare les élites du peuple.

Le livre est à ranger aux côtés des Leçons d'histoire d'Antoine Prost, des réflexions de Mona Ozouf sur son parcours d historienne, mais aussi des travaux de Bourdieu sur le statut de l'intellectuel et du savoir théorique.

On se trouve comme aux côtés de l'auteur, dans le secret de son bureau. Il y a dans ce livre quelque chose comme un aveu, l'aveu de ce qui fait que Gérard Noiriel est devenu l'historien que l'on connaît.

Présentation de l'édition de 2003

"Cet ouvrage rassemble les analyses et les critiques que j'ai consacrées aux historiens, sociologues et philosophes qui ont le plus compté dans ma formation et dans mon itinéraire depuis deux décennies, notamment Marc Bloch, Pierre Bourdieu, Norbert Elias, Michel Foucault, Richard Rorty et Max Weber. J'ai souhaité ainsi rendre hommage aux auteurs avec lesquels j'ai d'emblée partagé l'essentiel : le souci d'énoncer des vérités utiles. En évoquant l'itinéraire qui m'a conduit des marges de la société française jusqu'au cœur de l'élite parisienne, j'ai voulu montrer comment le travail de la connaissance pouvait se relier à une expérience vécue. Ce témoignage m'a paru nécessaire parce que le fossé qui sépare les élites et le peuple s'est transformé aujourd'hui en gouffre. J'aimerais faire partager aux lecteurs ma conviction que la démocratisation du monde intellectuel français est plus que jamais une nécessité pour le renouveau de la vie culturelle et politique française."