Exposition Port Vila, Mi Lavem Yu ! Regards sur la vie urbaine en Mélanésie

  • Responsables : Alban Bensa (Iris), Éric Wittersheim (EHESS) et Haidy Geismar, (Anthropology and Museum Studies, New York University)

  • Participants : Hon. Ralph Regenvanu (anthropologue, Vanuatu Cultural Council ; député au Parlement) ; Pr. Knut Rio (Pacific Alternatives Project, University of Bergen, Norvège) ; Pr. Edvard Hviding (Pacific Alternatives Project, University of Bergen, Norvège) ; Dr Benedicta Rousseau (research fellow, University of Melbourne, Australie) ; Dr Michael Schuster East-West Center, Honolulu, Hawai’i-USA) ; Leslie Vandeputte (CREDO, EHESS-CNRS)

  • Projet financé par le Fonds de coopération économique, sociale et culturelle pour le Pacifique, 2010-2011

L’exposition Port-Vila, Mi Lavem Yu ! nous emmène au coeur d’une ville mélanésienne d’aujourd’hui. Point de rencontre entre le Pacifique francophone et le Pacifique Anglophone, la capitale du Vanuatu incarne mieux que nulle autre la diversité culturelle du monde océanien contemporain. En restituant l’atmosphère si particulière de Port Vila, produit d’une histoire unique, l’exposition donne à voir sa diversité et sa richesse à travers autant de supports : peinture, posters, installations sonores, photos, vidéos, musiques.

Port-Vila, capitale du Vanuatu, est l’une des villes les plus hétéroclites du Pacifique, peut-être même du monde. Cette exposition ambitionne de restituer l’atmosphère si particulière de cette ville, qui incarne mieux que nulle autre la diversité culturelle et le multiculturalisme océanien.

Point de rencontre entre le monde francophone et le monde anglophone dans le Pacifique, Port-Vila est le lieu ou se côtoient toutes les cultures de l’archipel. Elle exerce un immense attrait sur les habitants de tout le pays : on y vient gagner de l’argent et le dépenser, écouter la musique des autres îles, retrouver sa famille ou suivre des études. Pour beaucoup aussi, c’est à Port Vila que l’on devient "SPR", "Sperem pablik rod", celui qui traîne sur la voie publique. La vie est dure à Port-Vila, notamment pour les familles de migrants venues travailler pour financer la scolarité de leurs enfants. Plus de 50 000 habitants vivent aujourd’hui dans la capitale : Mélanésiens, autres Océaniens, Australiens, Néo-Zélandais, Chinois, Vietnamiens, Français (dont beaucoup viennent de Nouméa). La particularité de la capitale du Vanuatu, c’est qu’elle n’a jamais tourné le dos à son double héritage historique français et britannique, tout en intégrant à son folklore urbain local toutes les influences auxquelles elle est soumise, des produits d’origine asiatique à la cuisine, des pratiques sportives aux Églises et aux différents styles de musique. Les formes mêmes de la démocratie en place, l’imaginaire et le paysage visuel local sont donc l’expression de cette spécificité. L’importance des enseignes occidentales et japonaises, l’influence de la musique hip-hop, du reggae ou du football ne font pas oublier que Port-Vila est aussi et surtout une ville mélanésienne. Une ville où les chefs coutumiers exercent leur autorité, où les gens trouvent un logement et du travail grâce à l’exercice de liens claniques.

On y parle aussi presque toutes les langues du pays. Plus de 110 groupes linguistiques composent au Vanuatu un ensemble de langues et de traditions unique en son genre. Le Bislama, une forme de créole devenu depuis l’indépendance (1980) la langue nationale du Vanuatu, vient s’ajouter à cette mosaïque. Le Bislama permet à tous de communiquer dans une langue qui reste mélanésienne, tout en étant le produit de la rencontre avec le monde européen. À Port Vila, comme dans peu d’autres villes du Pacifique, on trouve des migrants de toutes les îles du pays ; chaque communauté est rassemblée jusqu’à former des quartiers entiers : Seaside Tongoa, Seaside Futuna, Nambatu Wallis… La société urbaine est à la fois traversée par les courants centrifuges de l’Etat et du salariat, et en même temps tiraillée par cette extrême diversité, qui est parfois la cause de conflits entre communautés. C’est un peu tout cela, finalement, qui définit Port-Vila aujourd’hui : une ville mélanésienne, née de la colonisation européenne. Une ville aux contrastes sociaux forts, dans laquelle les relations coutumières continuent de jouer un rôle tout aussi important que celui de l’État dans la vie des individus.

Basée sur les travaux de recherche menés à Port Vila et dans les autres grandes villes du Pacifique par Éric Wittersheim (Iris, EHESS et CNEP, Université de Nouvelle-Calédonie) et Haidy Geismar (New York University), l’exposition Port Vila Mi Lavem Yu ! s’appuiera sur les apports novateurs des nouvelles muséographies des cultures du monde (Musée du Quai Branly et musées nord-américains), tout en intégrant l’apport décisif des institutions océaniennes à la représentation des cultures indigènes du Pacifique (Centre culturel du Vanuatu, Centre culturel Tjibaou). En revanche, la représentation et la réflexion sur l’expérience urbaine demeurent jusqu’ici rares. Du Vanuatu comme du reste du Pacifique, on ne voit le plus souvent que les cultures "authentiques", en ignorant les traces de la "modernité". Pourtant, Port-Vila, c’est aussi le "vrai Vanuatu" : cette l’exposition, ainsi que la publication et le DVD, apporteront donc une contribution notable au débat sur la ville en Océanie.

L’exposition présentera des installations restituant des lieux urbains familiers : l’habitat, le "store", le stand au marché, le kava-bar (nakamal), et des objets représentant la culturelle matérielle urbaine d’aujourd’hui. D’autres qui le sont moins : les jardins vivriers par exemple, qui continuent de fournir une part importante des ressources des urbains. Ces installations seront accompagnées d’ambiances sonores recréant l’atmosphère de ces lieux. Elles feront aussi entendre les différentes langues du Vanuatu.

Des portraits d’habitants de Vila seront présentés, s’exprimant dans la langue de leur choix (exposés avec traductions). Plusieurs artistes du Vanuatu ont accepté de travailler sur ce thème et de produire une pièce originale pour l’exposition : le sculpteur Emmanuel Watt et le peintre et photographe Sero Kuautonga de l’association Nawita notamment. Seront exposées enfin quelques photos historiques, et les photos issues du programme du Wan Smol Bag Theater, une compagnie de théâtre installée au cœur du Port-Vila mélanésien.

Parallèlement à cette mise en scène de la ville, en plusieurs points tout au long du parcours de l’exposition sera projeté un document filmé. Ce documentaire fait partager aux spectateurs les rencontres et les situations filmées par Éric Wittersheim depuis une dizaine d’années, lors de ses enquêtes dans et autour de Port-Vila. Conçu comme une "symphonie urbaine", le film, un véritable parcours dans la ville, compose une succession d’ambiances, de manière à pouvoir être "pris en route", comme les "cinémas permanents" d’autrefois, toujours populaires à Port-Vila. Éric Wittersheim a déjà réalisé plus d’une centaine d’heures d’images vidéo qui serviront à finaliser ce document filmique : une mission de recherche sur le terrain au Vanuatu, réalisée grâce au concours du Fonds Pacifique, permettra d’y intégrer les fêtes de célébration du 30e anniversaire du Vanuatu (été 2010).

L’exposition sera aussi l’occasion d’organiser des rencontres scientifiques ou publiques sur l’expérience urbaine dans le Pacifique. Il est prévu, à chaque étape de l’exposition (Honolulu, New York, Bergen, puis Paris, Nouméa…) d’y inviter et de faire participer des artistes du Vanuatu. En accompagnement de l’exposition, une programmation de films sur Port-Vila et d’autres villes océaniennes est proposée.

Éric Wittersheim et Haidy Geismar réaliseront le catalogue de l’exposition accompagné d’un DVD. Une publication trilingue (français, anglais, bislama), pour montrer que la diversité propre au Vanuatu n’est pas un handicap, mais au contraire une richesse pour ce pays.

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