Thèse de Marieke BLONDET

Samoa américaines et parc national

Les impacts sociaux de la protection de la nature aux Iles Samoa

Les Samoa américaines sont un petit territoire du Pacifique sous administration états-unienne. Ses ressources et son économie sont faibles et il est extrêmement dépendant de l’aide fédérale américaine. Leur histoire coloniale a aussi conduit ces îles à un développement unique; l’influence états-unienne causant de nombreuses transformations sociales. Pourtant quatre-vingt-dix pour cent des terres sont toujours aux mains des familles étendues Samoanes. Aujourd’hui, de nouveaux changements affectent le fa’asamoa, la culture des Samoa américaine, et frappent particulièrement le système traditionnel des terres coutumières et l’organisation de la chefferie connue sous le nom de fa’amatai. Matai est le nom donné à tout chef samoan et leader d’une famille étendue ou aiga. Un titre de matai est systématiquement associé avec un certain nombre de terres qui sont celles de l’aiga. Le matai est chargé de la gestion des affaires et terres de son groupe familial. La relation des hommes à la terre est ainsi totalement imbriquée avec l’organisation interne de l’aiga et celle de la société samoane en entier.

En 1994 le gouvernement des Etats-Unis et quelques écologistes américains établirent le Parc national des Samoa américaines. La majorité des espaces naturels protégés sont pourtant la propriété des aiga locales qui, de ce fait, reçoivent un loyer de la part du Service des parcs nationaux américains, mais continuent de vivre sur leurs terres familiales à l’intérieur du parc. La description de ce contexte unique est au centre de ma recherche. Je me suis intéressée à l’interaction entre cette aire protégée et les populations locales, et les possibles impacts du parc sur l’organisation sociale de ces communautés ; le loyer versé aux aiga concernées pouvant avoir des effets inattendus à différents niveaux de la société.

Traditionnellement à l’intérieur d’une famille étendue, tout bien est réparti entre les membres par le senior matai. Cette personne est aussi chargée de gérer les loyers du parc et de les redistribuer. Le matai peut cependant décider de garder pour lui une grande part de cette argent, si ce n’est pas la totalité, ce qui créé des conflits à l’intérieur de familles et du ressentiment à l’égards du senior matai. De plus, la parc national ayant attribué une valeur marchande aux terres samoanes, qui jusque là avaient d’avantage de valeur symbolique que matérielle, participe à la transformation du sens donné à la terre et de la perception que les samoans américains en ont. Les terres communautaires deviennent progressivement un bien qui peut être acheté et vendu. La population souhaite de plus en plus bénéficier individuellement de la terre et du parc, et pour ce faire met en place différentes stratégies. Mon analyse montre que le parc national des Samoa américaines, sans intentions de sa part, affecte deux des piliers de l’organisation sociale de ce territoire; premièrement les familles étendues et leur matai, qui représentent l’unité sociale de base, et deuxièmement les terres communautaires qui sont elles intrinsèquement liées à l’aiga et son organisation interne ; ce processus pouvant à terme fragiliser le fa’asamoa. C’est ce que je vais démontrer dans cette thèse.

  • Thèse d'anthropologie sous la co-direction d’Alban Bensa, EHESS et d Jackie Lecki, Université d’Otago, Nouvelle-Zélande
    Date de soutenance : 18 décembre 2009

 

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