Planifier la reproduction, construire la nation, gouverner la vie

Planning familial et incorporation des inégalités à Salvador de Bahia

Peut-on parler d’eugénisme quand on parle de politiques de planning familial au Brésil ? Les politiques de planning familial ont-elles déterminé la hausse de la stérilisation féminine dans le pays et déterminent-elles les "choix" contraceptifs et reproductifs des femmes issues des couches sociales défavorisées, "noires" ? Dans cette thèse, nous abordons les politiques de planning familial mises en place depuis l’époque de la dictature militaire jusqu'à nos jours comme bio politiques et nous analysons comment elles ont été incorporées par les femmes bahianaises issues des couches sociales défavorisées, "noires", grandies à l’époque de la démocratisation du pays. D’abord nous analysons les discours médicaux et moraux concernant la reproduction, la contraception et la santé, à la fois des femmes, des enfants et de la nation, qui ont proliféré autour du planning familial entre hier et aujourd’hui. En suite, à partir à la fois de l’histoire et des données issues de notre enquête, menée entre 2003 et 2005 dans deux centres publics de planning familial et dans des quartiers périphériques de Salvador de Bahia, nous analysons comment ces discours et les pratiques contraceptives médicales ont été incorporés par les utilisatrices des services publics de planning familial. A travers notre ethnographie nous montrons comment dans les services publics de planning familial les inégalités sociales, de genre et raciales se produisent et reproduisent dans la relation entre personnel médical et patientes et comment elles sont "incorporées" et en même temps mises en discussion et renégocies par ces dernières. Finalement, nous analysons quelles sont les conséquences de cette incorporation sur leurs trajectoires reproductives et contraceptives et plus largement sur leur vie quotidienne.

• Thèse d'anthropologie sous la direction de Didier Fassin, EHESS
  Date de soutenance : 17 septembre 2008