Le temps de l’accueil des demandeurs d’asile en France

Une ethnographie de l’attente

La présente recherche porte sur le quotidien des demandeurs d’asile accueillis au sein de structures dédiées à l’hébergement et à l’accompagnement des étrangers pendant la durée de leur requête auprès des autorités françaises. Les centres d’accueil (CADA) sont financés par l’État et gérés par différentes associations. Ils constituent une forme particulière d’hospitalité publique, instituant un espace liminaire pour ces étrangers au statut juridique précaire. La politique mise en place est marquée par l’oscillation permanente entre assistance et contrôle, compassion et suspicion, respect des conventions en matière d’asile et mise à l’écart des étrangers : en développant une dense trame bureaucratique pour qui souhaite accéder au statut de réfugié, en finançant l’accompagnement social et juridique en même temps qu’un dispositif de confinement pour ceux que l’État prend temporairement sous sa protection.

A partir d’une démarche ethnographique, fondée notamment sur l’observation du quotidien en CADA, je m’interroge sur le traitement des demandeurs d’asile en examinant d’une part les normes et les règles de l’institution et, d’autre part, les pratiques et les expériences des différents acteurs.

La vie ordinaire des demandeurs d’asile en CADA est caractérisée par une dilatation du temps et une rétraction de l’espace. Mon intérêt porte ainsi également sur l’attente imposée aux demandeurs d’asile, la politique qui l’institue et sa signification. Je montre que l’attente peut être appréhendée à la fois comme une forme de gouvernement de ceux qui sont soumis à la décision attendue et une expérience quotidienne qui se déploie en une multiplicité d’activités vouées à passer le temps.

• Thèse d'anthropologie sous la direction de Didier Fassin, EHESS
  Date de soutenance : 23 juin 2009