Thèse de Paula LOPEZ-CABALLERO

Récits des origines, variations identitaires et conflits pour la légitimité politique à Milpa Alta, Mexico, DF (XVIIe – XXIe siècles)

Ethnographier l’État et historiciser l’ethnicité

Cette thèse repose sur un travail historique et ethnographique réalisé à Milpa Alta, (Mexico). Ici le territoire, majoritairement rural, est possédé collectivement depuis le XVIIe siècle et compte encore de nombreux locuteurs Nahuatl. L’enjeu est de proposer une anthropologie de l’État mexicain à partir des pratiques locales et des subjectivités mais sans les opposer aux lois et aux institutions. Ce regard décentré sur l’État (prisme du local) est combiné avec un regard qui situe les interactions observées dans une histoire longue et sur des échelles d’observation régionales, nationales et transnationales. Territoire, identité et pratiques politiques constituent les trois observatoires à partir desquels cette approche est mise en œuvre. 1) Les récits des origines et les conflits fonciers, appréhendés sur une longue durée (1650-1950), permettent de comprendre comment les Milpaltenses ont fondé le contrôle sur leur terres et affirmé une ethnicité, alors que l’espace national s’est progressivement confondu avec un territoire et avec un récit national. 2) Les variations identitaires sont analysées sur une moyenne durée (1930-2005). Comparer deux catégories identitaires permet de les relier à la citoyenneté nationale : celle de Héritiers des Aztèques (1930-1970), envisagée à travers les travaux anthropologiques produits sur Milpa Alta en plein essor du nationalisme, qui les présentait comme historiquement fondateurs de la nation. Et celle de Pueblos Originarios (2000-2005), qui subsume l’exaltation d’une autochtonie localiste. Cette catégorie s’institutionnalise dans la conjoncture du nouveau paradigme de la nation "multiculturelle" qui valorise une diversité contrôlée par les cadres légaux. 3) L’introduction du système électoral au niveau local (2000-2005) a déclenché une concurrence pour la représentation du bien commun entre différents répertoires d’autorité –autorités villageoises et gouvernement nouvellement élu. L’observation de leurs conflits permettent de saisir une nouvelle configuration des rapports à l’État notamment à travers un processus d’autochtonisation du gouvernement local ainsi qu’à travers l’émergence d’une communauté multipartiste institutionnelle. Ces trois observatoires permettent de mettre en lumière des arrangements politiques, à travers lesquels l’hégémonie de l’État se reproduit. Le contrôle du territoire, l’appropriation du récit national, la définition de la citoyenneté ou la légitimation du gouvernement local, montrent que la consolidation de l’hégémonie de l’État n’a pas été contradictoire avec les souverainetés locales, telles que, par exemple, Milpa Alta. Du point de vue milpaltense, leur particularité a coexisté, voire s’est nourri, des successifs projets de nation promus par l’État mexicain.

  • Thèse d'anthropologie sous la direction de Jonathan Friedman
  • Date de soutenance : 6 décembre 2007

 

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