Un siècle de tradition anthropologique, dédiée sur les terrains exotiques à l'étude des mondes ruraux, a confiné les villes océaniennes à l'invisibilité. Elles sortent de l'ombre dans ce livre, qui réunit des contributions de chercheurs nord-américains, océaniens et européens, à destination d’un public universitaire et étudiant francophone. On y voit comment la construction des villes relève à la fois de logiques supranationales, liées aux forces de la globalisation économique, et de spécificités locales qui tiennent tout autant de l’originalité des sociétés océaniennes que de l’héritage colonial propre à ces archipels très tardivement décolonisés. Honiara, Suva, Apia, Port-Vila, Nouméa, Port-Moresby, Papeete, Auckland : la plupart de ces villes sont de petites capitales côtières, récentes, très cosmopolites, et politiquement clivées entre populations autochtones et allochtones, quartiers dessinés et investis par les voies institutionnelles et quartiers d'habitat spontané.

Modeste au regard des autres mondes urbains, la taille des villes d'Océanie permet de combiner dans une même recherche des approches anthropologiques, historiques, démographiques et politiques, prêtant ainsi ces villes à une qualité d'étude tout-à-fait exemplaire. Gageons que certaines des recherches présentées dans ce livre prendront place à côté des classiques de l’anthropologie urbaine, où le Pacifique, comme dans d’autres domaines, a toute sa place.

Publié sous la direction de Dorothée Dussy et Éric Wittersheim, avec des contributions de Jenny Bryant-Tokalau, John Connell et Tautala’aso Taulealo-Seru, Natacha Gagné, Michael Goddard, Christine Jourdan, Anne-Christine Trémon, Isabelle Rettig et Jean Mitchell.