Thèse de Giovanna CAVATORTA

Discours et pratiques sur le retour de l’Italie vers le Sénégal : pour une anthropologie de l’échec à l’époque du transnationalisme / Discorsi e pratiche sul ritorno dall’Italia al Senegal. Per un’antropologia del fallimento all’epoca del transnazionalismo

La thèse porte sur l’analyse des "situations de retour" d’hommes et femmes sénégalais, de l’Italie vers le Sénégal, recueillies grâce à un travail de terrain multi-situé qui a été déroulé entre Padoue, Dakar, Pikine et Touba (2010-3).

En étudiant des retours qui ne rentrent pas dans la mobilité circulaire mais constituent un abandon de celle-ci, on a cherché à problématiser la notion de transnationalisme en adoptant une perspective plutôt centrée sur le champ de l’accès à la mobilité, soit pour les personnes qui sont au Sénégal, soit pour celles qui sont déjà, et encore, en Italie. En travaillant sur la notion d’im-possibilité du retour on est ainsi arrivé à relever l’existence de géographies engendrées du pouvoir qui conditionnent la mobilité de chacun-e et ont à voir non pas seulement avec la gouvernance européenne de l’émigration africaine « non qualifiée » en Europe mais aussi avec les positionnements sociaux de genre et à d’âge dans les arènes sociales transnationales et les économies morales locales liées à l’émigration. On a donc, du point de vue théorétique, cherché à contribuer à la définition de la migration comme phénomène social total, saisissant à la fois les dynamiques de-reproduction à travers l’émigration de la société sénégalaise dans le système mondial et le/la migrant/e comme personne (morale et sociale).

Ensuite on s’est donné l’objectif de comprendre comment se construit une situation d’échec dans le cadre d’un projet migratoire sans adopter à priori, comme le fait le récit transnationaliste, l’équivalence entre réussite et entrepreneuriat cosmopolite et tout en interrogeant aussi la dichotomie retour forcé/volontaire. On a donc cherché à saisir la complexité des enjeux sociaux locaux qui se cachent derrière la reconnaissance sociale de l’échec et de la réussite du projet migratoire, en explorant les différents champs de signification dans lesquels cette reconnaissance est construite et négociée. En regardant les formes d’inclusion conditionnée et d’exclusion sociale que la situation d’échec implique au Sénégal, on a ainsi interrogé les processus de subjectivation/assujettissement et de renégociation de l’appartenance qui émergent au moment du retour.

Enfin, on a utilisé une démarche réflexive qui problématise le travail des structures du genre et de génération et des asymétries de capital (économique, de mobilité, etc.) non pas seulement parmi les acteurs sociaux, mais aussi dans la rencontre ethnographique à partir de l'analyse des repositionnements réciproques entre la chercheuse, "femme toubab", et ses interlocuteurs et interlocutrices.

  • Thèse d'anthropologie culturelle et sociale préparée sous la direction de Jonathan Friedman (EHESS) et Michela Fusaschi (Université de Padoue)
  • Date de soutenance : 28 avril 2014
     
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