Thèse d'Emmmanuel BEAUBATIE
Transfuges de sexe
Genre, santé et sexualité dans les parcours d'hommes et de femmes trans' en France
Le traitement médical et juridique des changements de sexe est sujet à controverse. Soumis.e.s à une évaluation psychiatrique avant de pouvoir accéder aux hormones et aux chirurgies et contraint.e.s de justifier leur demande de modification d’état civil, les trans’ revendiquent leur droit à disposer de leurs corps et à les faire reconnaître. Si les professionnel.le.s et les militant.e.s s’opposent dans le contexte contemporain, ils-elles forment des groupes à la fois interdépendants et pluriels. Après avoir historicisé leurs interactions et leurs hétérogénéités respectives, cette thèse se penche sur la diversité interne de la population trans’ dans une perspective de sociologie des rapports sociaux de sexe. À partir d’une enquête par entretiens et de l’analyse secondaire d’une enquête quantitative, elle s'intéresse aux façons dont le genre façonne les conditions matérielles et la temporalité des transitions. Les changements de sexe des hommes et des femmes trans’ ne s’inscrivent pas dans les mêmes trajectoires conjugales, familiales et professionnelles. Par ailleurs, ils prennent place dans des constructions de soi différentes du point de vue de la sexualité et de la perception du risque d’infection par le VIH. Enfin, bien que les trans’ soient rarement considéré.e.s comme des transfuges, les FtMs (female-to-male) vivent une ascension et les MtFs (male-to-female) sont déclassées. Des mobilités sociales entre les sexes sont possibles, mais elles n’échappent pas à l’emprise du genre.
Mots clés : Genre, santé, sexualité, controverses, conditions matérielles, mobilité sociale, parcours de vie, VIH, transgenre.
- Thèse de sociologie préparée sous la direction de Michel Bozon (INED)
- Date de soutenance : 17 mai 2017
Composition du jury
- Nathalie Bajos, directrice de recherche à l’INSERM, directrice de la promotion de l’égalité du Défenseur des Droits
- Michel Bozon, directeur de recherche à l’INED (directeur de la thèse)
- Muriel Darmon, directrice de recherche au CNRS, CESSP (EHESS-Université Paris 1)
- Nicolas Dodier, directeur de recherche à l’INSERM, directeur d’études à l’EHESS
- Delphine Gardey, professeure ordinaire à l’Université de Genève
- Laurence Hérault, professeure d’anthropologie à Aix-Marseille Université