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	Conflits d'intérêts et santé publique : l'apport des sciences sociales

Conflits d'intérêts et santé publique : l'apport des sciences sociales

Sciences Sociales et Santé, volume 38, numéro 3, 2020

Boris Hauray [dir.]
 [2020]

Conflits d'intérêts et santé publique : l'apport des sciences sociales

Sciences Sociales et Santé, volume 38, numéro 3, 2020

Numéro conçu et coordonné par Boris Hauray

 

Présentation par Patrick Castel, rédacteur en chef de Sciences sociales & Santé :

Au cours des dernières décennies, le « conflit d’intérêts » s’est imposé comme une catégorie privilégiée, si ce n’est dominante, pour appréhender l’influence des intérêts particuliers, tout particulièrement économiques, sur les savoirs, les pratiques et les politiques sanitaires. Les dangers que ces conflits d’intérêts font peser sur la santé publique sont aussi régulièrement dénoncés.

Alors que les travaux académiques disponibles sur les conflits d’intérêts s’inscrivent principalement dans une perspective normative ou privilégient des méthodes quantitatives pour évaluer l’ampleur du phénomène, ce numéro de Sciences Sociales et Santé rassemble un ensemble de travaux de sciences sociales, relevant de plusieurs disciplines (sociologie, histoire et science politique), qui étudient la question des conflits d’intérêts à partir de recherches qualitatives. Les enquêtes empiriques de ces articles ont été menées dans les secteurs de la chimie et du médicament.

Dans l’introduction Boris Hauray retrace dans un premier temps les grandes étapes de l’émergence de la catégorie de conflit d’intérêts et de son inscription dans le champ sanitaire, à l’articulation de la morale, des savoirs et du politique. Il identifie dans un second temps les enjeux et les difficultés liés à la constitution de cette catégorie en objet de recherche pour les sciences sociales. Il défend le besoin d’articuler deux stratégies d’analyse pour y parvenir : rendre compte et analyser précisément la nature des liens de dépendance construits entre les acteurs du champ de la santé et les industriels, d’une part, et étudier dans la durée les usages de cette catégorie, les jugements moraux qu’elle véhicule et sa place dans les rapports de pouvoir au sein des secteurs concernés, d’autre part.

Ainsi, dans son article, Jean-Paul Gaudillière étudie deux controverses publiques à partir de documents rendus publics à l’occasion de procès : celle concernant le Distilbène au cours des années 1970 et celle visant les thérapies hormonales de la ménopause dans les années 2000. Cette comparaison lui permet de mettre en lumière le rôle central des industriels dans l’organisation et la diffusion de la recherche, de décrire les transformations du marketing scientifique, et de rendre compte de l’émergence de la catégorie de conflit d’intérêts comme manière de saisir l’influence industrielle. Il discute ainsi la pertinence analytique de cette notion, dont il souligne les limites analytiques par rapport à celles de « science non faite » et d’« hégémonie ».

Henri Boullier et Emmanuel Henry visent, à partir d’une ethnographie de deux comités d’experts participant au contrôle des produits chimiques, à rendre compte des logiques structurelles de l’emprise des industries. Sur la base de cette recherche, ils identifient les effets pervers d’une problématisation en termes de conflits d’intérêts qui, focalisant l’attention sur les échanges financiers directs, détourne l’attention de logiques pourtant essentielles de construction et de diffusion de l’influence industrielle.

Enfin, dans leur article consacré aux traitements de la maladie d’Alzheimer, Sébastien Dalgalarrondo et Boris Hauray suivent la naissance, l’institutionnalisation et la remise en cause d’une promesse médicale. Ils soulignent que la mise sur le marché des médicaments anti-Alzheimer, au bénéfice thérapeutique contesté, et leur large diffusion sont le résultat d’une forte implication d’intérêts économiques dans la recherche médicale et dans la structuration du sous-secteur Alzheimer. À la fin des années 2000, cette forte présence a permis aux médecins qui étaient opposés à ces traitements de se saisir du répertoire des conflits d’intérêts pour les remettre en cause. Ils l’ont fait en s’alliant avec des mouvements sociaux critiquant plus largement l’influence des laboratoires.

 

Sommaire

Hommage

Boris Hauray

Jean-Paul Gaudillière

Henri Boullier, Emmanuel Henry

Sébastien Dalgalarrondo, Boris Hauray

Michèle Barrière-Dion

Conflits d'intérêts et santé publique : l'apport des sciences sociales

Sciences Sociales et Santé, volume 38, numéro 3, 2020

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