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Clémence AUDRAN

Clémence Audran
Doctorante
Institution(s) de rattachement : EPHE

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audran.clemence3[at]gmail.com

Lutter contre la maladie humaine par la correction génique germinale : entre bioprogressisme et bioconservatisme

Thèse préparée sous la direction de Séverine Mathieu (DE EPHE - GSRL) et de Noémie Merleau-Ponty (CR CNRS - IRIS), dans le cadre de l'École doctorale de l'École pratique des hautes études

L'édition génique germinale humaine désigne la modification volontaire du génome de gamètes et d'embryons humains via l'utilisation de technologies dédiées. La modification génétique est alors transmissible à la descendance. Cette technique peut être employée à des fins thérapeutiques différentes. D'une part, il peut s'agir de corriger chez un embryon humain une mutation génétique héréditaire engendrant une pathologie pour rétablir une version fonctionnelle du gène : c'est la thérapie embryonnaire humaine. D'autre part, on peut viser l'introduction dans un génome humain de gènes avantageux d'origine humaine ou non, le but est alors de conférer une résistance à certaines pathologies acquises : il s'agit de l'enhancement thérapeutique. Les bénéfices de la thérapie embryonnaire humaine sont minces. En effet, pour éviter la transmission d'une maladie génétique héréditaire, on dispose déjà de techniques relativement efficaces : le diagnostic pré-implantatoire en cas de pathologie récessive, le don de gamète en cas de maladie dominante. En outre, ces techniques n'induisent pas, elles, de risques de modification « hors-cibles » irréversibles. Aussi, les discussions se concentrent sur l'enhancement thérapeutique. La légitimité de cette amélioration thérapeutique du génome humain est l'une des questions de bioéthique qui cristallise le plus de tensions. Le débat est structuré autour de différentes thèses que l'on peut situer sur un spectre allant des bioconservateurs de principe, aux bioprogressistes de principe, en passant par les bioconservateurs et bioprogressistes pragmatiques. Alors que les premiers font découler leurs thèses de convictions philosophiques ou théologiques, les seconds fondent leurs positions sur la mise en balance des bénéfices et des risques liés à cette pratique. Cette recherche s'attachera à discerner les présupposés et les arguments de chacun pour porter sur eux une critique éclairée. Ainsi, la tradition catholique mais aussi L.Kass et F.Fukuyama, condamnent l'édition germinale humaine au nom du respect de la sacralité du génome humain. Au contraire, Nick Bostrom et Georges Church l'encouragent au nom d'un devoir humain de perfectionnement de sa propre nature. J.Doudna et A.Kahn, alors qu'ils basent tous deux leur point de vue sur une évaluation du ratio bénéfice(s)-risque(s), en viennent à deux conclusions contradictoires. A.Kahn affirme que l'édition germinale humaine à des fins thérapeutiques ne se justifiera jamais au vu des risques sociaux et biologiques qu'elle suppose. Tandis que J.Doudna estime que, dès lors que les technologies d'édition du génome seront suffisamment fiables, les perspectives thérapeutiques majeures qu'elles offrent, en matière de lutte contre le cancer notamment, la légitimeront. L'enjeu de cette recherche est de parvenir sur ce sujet de l'enhancement thérapeutique humain, à un point de vue éthique plus consensuel.

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Human germline edition indicates the voluntary modification of human gametes and embryos by dedicated technologies. Thus, the genetic modification which results from germline edition is transmissible to the descendants. This technology can be employed to different therapeutic objectives. Either correcting a genetic mutation which leads to a pathology, in the genome of a human embryo. In this case, the objective is to re-establish a functional gene. It's human embryo therapy. Or introducing in a human embryo genome of an advantageous gene which isn't naturally present in human species. In this second case, the objective is to confer a resistance for some acquired diseases to the future human person. It's a therapeutic enhancement. Beneficials of human embryo therapy are weak. In fact, to prevent hereditary genetic disease transmission, we have a very effective technology: the preimplantation diagnostic. It enables to prevent transmission of recessive diseases. Moreover, if the pathology is dominant, gamete donation allows to avoid transmission. These two technologies lead not to irreversible off-target effects. That's why ethic debate is focused on therapeutic enhancement. Legitimity of this enhancement of human genome is one of the most strained questions of bioethics. This debate implied different thesis which can be situated on a spectrum from in principle bioconservatism to in principle bioprogressist, by way of pragmatist bioprogressist and bioconservatism. The first ones base their thesis on philosophical or theological convictions, while the second ones base their thesis on a ratio between benefits and risks of human therapeutic enhancement. This research wants to discern founding principles and arguments of each point of view of this ethical question, to be able to focus a lighted on this subject.Thus, catholic tradition, L.Kass and F. Fukuyama disapprove of human germline editing because human genome would be sacred. On the contrary, Nick Bostrom and Georges Church invoke human moral obligation of one's nature perfectionnement to justify the necessity of human germline editing. J.Doudna and A.Kahn, both, base their different thesis on the benefits and risks ratio. A.Kahn concludes that benefits of human germline edition for therapeutic purposes are less important than sociological and biological risks that this edition supposes. While, J.Doudna thinks that when technologies of genome edition will be sufficiently reliable, therapeutic perspectives that they imply, as prevention of cancer, will legitimate them. The challenge of this research is to have on this subject an ethical thesis more consensual.

  • Mots-clés : Bioéthique, biotechnologies, génome, interdisciplinarité

Financement

  • Contrat doctoral EPHE, octobre 2022-octobre 2025
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