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Guillaume ROULEAU

Guillaume ROULEAU
Doctorant
Discipline(s) : Philosophie politique
Institution(s) de rattachement : EHESS

Coordonnées professionnelles

guillaume.rouleau[at]ehess.fr

Les réinventions de la notion d’idéologie dans la philosophie politique française après 1945

Thèse de philosophie politique préparée sous la direction de Bernard E. Harcourt (EHESS/Columbia University) ; formation doctorale "Droit, études politiques, philosophie", École doctorale 286 - EHESS

La notion d’idéologie a été utilisée dans la pensée politique de manières remarquablement riches en France au sortir de la seconde guerre mondiale, pour la reprendre comme pour s’en déprendre. Utiliser la notion, ou idée, ne va cependant pas de soi. Celle-ci est, de fait, depuis son invention par Destutt de Tracy et sa critique par Napoléon, tout sauf univoque, ce qui incite à ne pas faire de la notion un concept. Celle-ci a aussi été depuis Marx et Engels, qui la reformuleront, l’apanage de marxismes, à l’instar du marxisme-léninisme – apanage ensuite contesté par des libéralismes, en une complète « révolution » des intentions de Marx et Engels –, qui confirme son caractère polémique, donc politique.

Si l’idéologie a été utilisée dans le contexte français d’avant la seconde guerre mondiale, elle sera fortement réutilisée après celle-ci, devenant une notion centrale de la pensée politique (ou, pourrait-on dire, du politique, de l’organisation de la vie en commun), alors même que l’idéologie, depuis ses débuts, met en difficulté ses discours. L’idéologie, en effet, s’inscrit dans un ensemble d’idées qui contestent la véracité, la matérialité, la réalité, l’évidence de la pensée politique (son caractère univoque), tandis que celle-ci oppose sa véracité à la fausseté, à l’illusion, au mensonge, à l’erreur, à la mystification – les termes pour la dire sont nombreux mais pas tout à fait équivalents –, de l’idéologie, de ce qui serait idéologique (ce qui fait son caractère polémique). Le politique est dit idéologique, mais l’idéologique dit aussi le politique. Parler d’idéologie, n’est donc, politiquement, et inversement, jamais anodin, et amène le questionnement suivant : que dit la pensée politique française de la seconde moitié du XXe au début du XXIe siècles en utilisant la notion d’idéologie ? Que disent alors les utilisations de la notion de la pensée politique française ?

Il s’agira de revenir sur les contextes locaux, nationaux et internationaux (dans une approche non pas nationaliste mais critique du nationalisme), qui font que la notion a été utilisée dans la pensée politique française à partir de l’après-guerre (cette thèse commencera ainsi par une fin, celle de la « fin des idéologies » qu’énonçait Albert Camus en 1948 et, plus fameusement, Raymond Aron en 1955), en en dégageant les « pourquoi » (les raisons, comme les tensions partisanes à la fin de la IVe et durant la Ve Républiques), et les « pour quoi » (les finalités, remettre en question, par exemple, l’autorité étatique).

Il s’agira pour ce faire de travailler la notion à partir de ses comment, c’est-à-dire de certaines pensées politiques singulières des années 1960 et 1970, dont la proximité sera mise en avant : celles, principalement, de Aron (sur le totalitarisme), de Louis Althusser (sur l’État), et de Michel Foucault (sur le pouvoir) – et, dans une moindre mesure, de Jacques Derrida, Michel Henry, et Paul Ricœur –, mais aussi celles d’une génération qui a été formée par elle, et qui l’a critiquée : Alain Badiou, Etienne Balibar, Pierre Macherey, ou encore Jacques Rancière ; en revenant sur les lignes qu’ils maintiennent, ou qu’ils déplacent, en redonnant par exemple, suite à Foucault, toute son importance à Georges Canguilhem. Cela implique une critique de ceux « par qui » le discours sur l’idéologie se fait (de ce qui les unit, de ce qui les sépare), ou ne se fait pas (par un défaut critique, qui caractériserait les idéologues), mais aussi de ceux « à qui » ces discours sont adressés : politiciens, administrateurs, journalistes, enseignants, philosophes, sociologues (les « intellectuels »).

Il s’agira ainsi de dégager les utilisations nouvelles de la notion dans la pensée politique ou, pour le dire autrement, les « réinventions » de la notion d’idéologie (en abordant certaines de ses antinomies : la domination et l’émancipation, la matérialité et l’idéalité, la scientificité et la non-scientificité, la totalité et la particularité, l’anhistoricité et l’historicité, l’inconscient et le conscient, l’absence de sujet et sa présence, ou encore l’utopie), dans différents types de discours – le discours politique lui-même, lorsqu’il est développé par le discours philosophique, mais aussi sociologique (chez Aron, puis Pierre Bourdieu et Raymond Boudon, ou encore Luc Boltanski), si ce n’est théâtral (chez Althusser, Balibar, Rancière) –, en France jusqu’à aujourd’hui.

Macherey demandait ainsi en 2015, et cette question est une provocation : « En finir avec l’idéologie ? ». La notion d’idéologie, cette thèse projette de l’écrire, la pensée politique en France n’en a pas fini depuis quelques décennies de l’utiliser de manières originales, mais encore insuffisamment critiquées, par les « noms » ou les « lieux » (Balibar) politiques qu’elle dit.

 

Activités de recherche

  • Septembre 2022 : Mémoire de Master 2 en Études politiques à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales ; « Le langage de l’idéologie dans L’Idéologie allemande de Karl Marx et Friedrich Engels », sous la direction de Bernard E. Harcourt.

Enseignements

Principales communications

  • 11 mars 2024 : « L’idéologie comme concept chez Étienne Balibar » / intervention puis discussion avec Étienne Balibar et Bernard E. Harcourt / Fondation Maison des Sciences de l’Homme.
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