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Mélissa Elbez > Les Prophéties de Tulum. Pratiques ordinaires de l'histoire et Dynamiques de co-création d'une identité locale - 22 septembre 2021

Soutenance de thèse, mercredi 22 septembre 2021 - Visioconférence

Les Prophéties de Tulum

Pratiques ordinaires de l'histoire et Dynamiques de co-création d'une identité locale

Thèse d'anthropologie présentée publiquement par Mélissa Elbez, préparée à l'EHESS sous la direction d'Alban Bensa

Tulum est un carrefour touristique et migratoire de la côte caraïbe du Mexique, qui a connu une croissance démographique exponentielle. À partir d’un travail ethnographique réalisé entre 2009 et 2019, cette recherche interroge les processus d’élaboration identitaire et de sociogenèse dans notre monde globalisé.

Dans la lignée de l’anthropologie dynamique et de l’ethnographie réflexive, la thèse s’ouvre sur une présentation de de Tulum à travers une pluralité de perspectives individuelles, dont l’évolution diachronique est apparente.

Puis, afin de rendre compte des dynamiques susceptibles de faire émerger (ou non) un sentiment d’appartenance commun aux tuluméens, un chapitre est consacré à chacune des versions de l’identité locale qui se dégagent du débat public: le Tulum ‘maya patrimonial’ et le Tulum ‘hippy cosmopolite’. Ces versions de l’identité locale sont exposées dans l’histoire longue des rencontres et des rapports de force qui leur ont donné naissance. Sont également mises en évidence les aspirations qui les portent, les enjeux politiques qu’elles soulèvent et les pratiques de l’histoire qui les légitiment.

Le chapitre consacré au Tulum ‘maya patrimonial’ invite à revenir sur la nationalisation de la région et à développer une réflexion sur la patrimonialisation comme processus d’appropriation territoriale. On y découvre une guerre menée par des acteurs méconnus  (les macehualob) qui constituent encore aujourd’hui un maillon essentiel de la vie politique locale. Bien que la tendance à rapporter leurs pratiques à ‘la culture maya’ désactive leur potentiel subversif en faisant d’eux des indigènes de la nation, ils ont su mettre à profit les législations indigènes pour gagner en pouvoir économique et politique. Dans ce chapitre, la performativité politique du tourisme transparait également dans des trajectoires de tuluméens qui ont dû s’emparer de mythes nationalistes pour mener leurs activités quotidiennes, et qui sont ainsi amenés à les propager et à les réinterpréter.

Le chapitre suivant porte sur la prégnance d’une représentation de Tulum comme une terre d’accueil cosmopolite qui permettrait de libérer son soi profond. Il y est question de migrants d’agrément, de population flottante et de l’idée répandue selon laquelle Tulum sélectionne elle-même ses habitants en fonction de valeurs et de normes constitutives de la version ‘hippy cosmopolite’ de l’identité locale. Tulum y apparait insérée dans une territorialité alternative qui repose sur des styles de vie mobiles, sur des notions New Age comme l’information cosmique, et sur des théories pseudo-historiques comme celle des anciens astronautes. Y est également évoquée l’histoire, mais aussi la mémoire et l’actualité du mouvement hippy au Mexique.

Le dernier chapitre porte sur les dynamiques de confrontation et de convergence entre les deux versions de l’identité locale. Alors que la mobilité de nombreux habitants et leurs revendications de cosmopolitisme se présentent comme des obstacles aux projets de patrimonialisation, la figure hybride du ‘hippy-maya’, à la fois cosmopolite et patrimonialisable, a émergé de l’imaginaire collectif avec son lot de pratiques culturelles,  de modes de présentation de soi et de théories pseudo-historiques. Par ailleurs, les rouages souterrains de la vie politique locale dévoilent que, derrière l’opposition officielle des dirigeants aux hippies et aux migrants illégaux, ils tissent avec eux des alliances révélatrices d’une tradition politique aussi inclusive qu’opportuniste.

L’ambivalence des relations sociales est une constante dans cette thèse, où l’appropriation de l’identité maya par des New Agers apparait à la fois dans sa dimension de domination et de syncrétisme fédérateur, où l’inefficacité des recours à la politique formelle pousse les habitants à redoubler d’innovation dans le domaine ds politiques de la vie, où la fermeture de l’horizon d’attente se solde par des inventions calendaires teintées de millénarisme, et où le désenchantement des tuluméens face à l’évolution de leur lieu de vie constitue un signe d’appartenance porteur de lien social…

  • Mots-clés : Politique, tourisme, migration, identitaire, New Age, maya, patrimonial, cosmopolite, futur, temporalité, réflexivité, autoethnographie, territorialité, nationalisme, localité.

Composition du jury

  • Alban Bensa, EHESS (directeur)
  • Élisabeth Cunin, IRD (pré-rapporteure)
  • Aline Hémond, Université de Picardie-Jules Verne (pré-rapporteure)
  • Michel Lussault, ENS Lyon
  • Sylvie Pédron-Colombani, Université Paris Nanterre
  • Sébastien Jacquot, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne
  • Kali Argyriadis, IRD

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