Dynamiques professionnelles et spatiales de l’offre de soins primaires.

Étude sociologique des Centres de santé en France (19e-21e siècles)

Thèse de sociologie présentée publiquement par Benoît Carini-Belloni, préparée à l'université Sorbonne Paris Nord sous la direction de Marie Jaisson.

Cette thèse de sociologie étudie le mouvement des centres de santé en France (polyvalents et médicaux) et les formes d’engagement des professionnels de santé, des médecins principalement, qui décident d’investir ces structures de médecine salariée, collective et pluriprofessionnelle, caractérisée par une culture de l’égalité d’accès aux soins, par un intérêt pour la prévention, par une médecine attentive aux exclus et par un principe structurant de non-lucrativité.

En croisant les approches socio-historique et socio-spatiale, la thèse retrace depuis le 19e siècle jusqu’à nos jours, à partir d’un travail d’archives et d’entretiens, leur dynamique sociale et spatiale, dans un contexte façonné par l’exercice médical à dominante libérale et individuelle.

Dans une première partie, ce travail montre que les centres de santé, minoritaires dans l’offre de soins de premier recours, sont héritiers d’une longue tradition de santé sociale et de service public local qui a émergé au cours du 19e siècle et qui a été reprise lors de la constitution de la Sécurité sociale en 1945. Ces centres de santé sont issus du régime minier, de la tradition associative et coopérative, du monde mutualiste et de municipalités marquées à gauche, engagées sur le terrain social et, à partir de l’entre-deux-guerres, empreintes du communisme municipal.

Après ce cadrage historique, la thèse identifie et cartographie les centres de santé dans le paysage sanitaire contemporain et met au jour leur diversité. Elle explore leurs missions et leurs pratiques à l’aune de l’accroissement des inégalités socio-territoriales de santé et de l’émergence de nouveaux enjeux liés notamment au problème de la démographie médicale, à la « crise » de l’hôpital public, à la prévalence des maladies chroniques et au vieillissement de la population qui mettent à l’épreuve toute l’organisation du système des soins primaires en France.

Enfin, à partir d’une enquête de terrain mobilisant entretiens et observations ainsi que la diffusion d’un questionnaire, la thèse réalise une étude des trajectoires sociales, des motivations et des formes d’engagement des médecins qui décident de s’orienter vers ce mode d’exercice collectif et salarié, de ces «promoteurs», voire de ces «militants», qui ont décidé d’en défendre le modèle à visée de transformation sociale. L’analyse caractérise la coexistence de plusieurs générations de médecins, des plus anciens, souvent investis dans les structures municipales ou mutualistes, liés à l’histoire du mouvement social et ouvrier, à une nouvelle génération de soignants séduits par la démarche de santé communautaire et à l’initiative de centres de santé associatifs fonctionnant sur un mode militant et autogestionnaire.

Composition du jury

• Nicolas Da Silva, maître de conférences en économie, université Sorbonne Paris Nord
• Karima Guenfoud, maîtresse de conférences en sociologie, université Sorbonne Paris Nord
• Hervé Guillemain, professeur d’histoire contemporaine, Le Mans Université
• Marie Jaisson, professeur de sociologie, université Sorbonne Paris Nord
• Marie-Vic Ozouf-Marignier, directrice d'étude, EHESS, Présidente du jury
• Laure Pitti, maîtresse de conférences en sociologie, université Paris 8
• Nadège Vezinat, professeur des universités en sociologie, université Paris 8

Informations pratiques

• Mardi 29 novembre, 9h-13h30
• EHESS, 54 boulevard Raspail 75006 Paris, salle du conseil A/BS1_28