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Journée d’étude > Anonymats urbains. Ethnographies comparées – 17-18 juin 2019

LESC, salle 308F (MAE René Ginouvès - Université Paris Nanterre)

Anonymats urbains. Ethnographies comparées

Journées d’étude, 17 et 18 juin 2019
Organisées par Franck Mermier (IRIS UMR 8156) et Virginie Milliot (LESC UMR 7186)

LESC - salle 308 F (3e étage) - Maison Archéologie & Ethnologie René-Ginouvès
21, allée de l’université 92023 Nanterre cedex
RER A, station Nanterre Université

Toute une tradition sociologique de Georg Simmel à Richard Sennett en passant par Robert Park, a insisté sur la vertu libératrice de l’environnement urbain où se retrouverait le triptyque modernité, anonymat et cosmopolitisme. Cette vision positive de la grande ville perçue comme espace d’individualisation et de liberté, s’accompagne d’une conception supposée universelle de l’anonymat comme forme d’adaptation individuelle et de régulation sociale dans un environnement dense et hétérogène. A l’heure où la condition urbaine se généralise, il nous a semblé important de revenir sur ces postulats en partant d’une analyse ethnographique comparative des expériences des citadins dans des villes aussi diverses que Beyrouth, Paris, Abou Dhabi, Moscou, Téhéran, Istanbul, Tokyo ou New York.

Si l’on peut retrouver des similitudes de comportements dans les espaces publics de la plupart des grandes métropoles à travers le monde, entre indifférence feinte et degré minimal de civilité, l’indifférenciation sociale ne peut pas être considérée comme le dénominateur commun d’une supposée condition urbaine capable de s’affranchir des hiérarchies et des formes d’identification propres à chaque société. Il existe des villes où les différences sociales et nationales se donnent immédiatement à lire dans l’organisation de l’espace et l’apparence des citadins et où ceux-ci peuvent difficilement échapper aux assignations identitaires et statutaires. Ces villes qui ne sont pas vécues par leurs habitants comme des environnements anonymes, semblent infirmer l’hypothèse de l’universalité de l’anonymat urbain. Le maillage relationnel des groupes et des communautés peut rester structurant et endiguer les risques de l’accessibilité et de la diversité, comme le cadrage des rôles publics interdire les rencontres anonymes. L’ethnographie des pratiques citadines révèle néanmoins des modulations et des combinaisons relationnelles, des circulations et des tactiques entre différents espaces normatifs et régimes de moralité. Si l’anonymat n’est pas systématiquement généré par la densité urbaine, on peut cependant observer des pratiques citadines consistant à se rendre incognito, non identifiables, afin d’échapper aux contraintes de rôles et de statut. L’ethnographie de ces expériences citadines complexifie l’analyse de ce que l’on a coutume de désigner par le terme d’anonymat. En partant des pratiques citadines nous proposons de déplier ces modes de construction de la relation et jeux de construction du soi.

L’ethnographie des pratiques citadines révèle également l’importance politique de diverses formes de rassemblements anonymes. Importance de la « foule » au sein de laquelle les citadins ressentent des sentiments d’identité et d’étrangeté et ne cessent de se catégoriser mutuellement pour s’orienter. Ils peuvent s’y expérimenter comme faisant partie d’un ensemble collectif plus vaste, comme ils peuvent être renvoyés à un statut d’étranger et se sentir menacés. Ce qui nous invite à réfléchir à la manière dont des sentiments d’appartenance se construisent sur un mode sensible, par l’épreuve de la coprésence et du spectacle de cette mutuelle visibilité. Inversement le spectacle de la foule urbaine permet également de se situer, de prendre la mesure de ses différences et des éventuelles transformations en cours. Les réactions des citadins à ce qui se manifeste dans la rue, leurs manières de considérer les « étrangers » sont de même des données importantes pour saisir les fragiles et incertaines négociations des seuils et du commun.

Ces journées d’études ont pour ambition de repenser la condition urbaine à l’aune d’une comparaison rigoureuse des pratiques urbaines, d’esquisser une théorie ancrée des formes de vie caractérisées par la densité et de tenter de saisir, pour paraphraser Benveniste, « comment se dévoilent les fondements sociaux du « soi » et de « l’entre soi » ».

Programme

Lundi 17 Juin 2019

  • 9h30 : Franck Mermier (Directeur de recherches au CNRS, IRIS UMR 8156) et Virginie Milliot (Maître de conférences Paris Nanterre, LESC UMR 7186) : Introduction
  • 10h : Stéphane Tonnelat (Chargé de recherches au CNRS, Mosaiques, UMR LAVUE 7128) : Pointer la différence pour mieux voir la similitude. L’anonymat dans la ligne 7 du métro de New York

10h45 : Pause

  • 11h : Sophie Chevalier (Professeure, Université de Picardie-Jules Vernes, Amiens) : Poids de l’histoire et expériences citadines l’exemple de Durban (Afrique du sud)
  • 11h45 : Emmanuelle Lallement (Professeure des Universités, Institut d’études européennes, Université Paris 8) : La ville marchande et le négoce de l'anonymat. Le cas de Paris

12h30 : Pause déjeuner sur place

  • 13h30 : Laure Assaf (Assistant Professor, New York University Abu Dhabi) : Ségrégation urbaine et anonymat à Abu Dhabi, Émirats arabes unis
  • 14h15 : Sofiane Merabet (Professeur à l’Université du Texas, Austin, États-Unis ) : Homosexualité et anonymat à Beyrouth

15h : Pause

  • 15h30 : Mina Saidi-Sharouz (Chercheure affiliée à l ‘ENSA Paris la Villette, LAA/LAVUE-CNRS) : Depuis que cet ‘autre’ a surgi dans l’espace public ». Les femmes dans l’espace public en Iran, entre visibilité et invisibilité
  • 16h15 : Sarah Carton de Grammont (Chargée de recherches au CNRS, LESC UMR 7186) : Homme ! Grand Mère ! Camarades !… Termes d’adresse sur les marchés informels moscovites

17h : Discussion générale

Mardi 18 Juin 2019

  • 9h15 : Judith Audin (Chercheure affiliée au CEFC Hong Kong) : Politiques de l’interconnaissance à l’épreuve de l’anonymat urbain en Chine : ethnographie des interactions entre comités de résidents et habitants dans les quartiers de Pékin
  • 10h : Abaher El Sakka (Professeur, Université de Birzeit ) : Changements urbanistiques palestiniens et anonymat : Ramallah comme exemple

10h45 : Pause

  • 11h : Sylvie Ayimpam (Chercheure associée à l’Institut des Mondes Africains IMAf) : Passer inaperçu ? Dissimulation et anonymat à Kinshasa
  • 11h45 : Benoit Fliche (Chargé de recherches au CNRS, IDEMEC. UMR 7307) : L’œil et l’irrationnel : une approche structuraliste « hardcore » de l’anonymat en Turquie

12h30 Pause déjeuner sur place

  • 13h30 : Kazuhiko Yatabe (Maître de conférences à l'Université Paris-Diderot et chercheur à l'Institut français de recherche sur l'Asie de l'Est IFRAE/FRE 2025) : L'espace commun et ses seuils : observation flottante d'une rue de Tokyo
  • 14h15 : Michel Peraldi (Directeur de recherches au CNRS IRIS) : Urbains par intermittence

15h : Pause

  • 15h15 : Éric Wittersheim (Maître de conférences, EHESS, IRIS) et Monika Stern (Chargée de Recherches au CNRS, CREDO) : Être ou ne pas être reconnu : les paradoxes de l’anonymat à Port-Vila (Vanuatu)

16h : Discussion générale

A consulter :

EHESS
CNRS
Sorbonne Paris Nord
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