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Ecole thématique : Utopies/dystopies dans le champ de la santé : Anticipations, promesses et pratiques politiques

(Inscriptions closes) 11-15 avril 2022

École thématique organisée par le Programme de Recherche Interdisciplinaire en santé de l’EHESS, en collaboration avec les laboratoires Cermes3 et Iris

Utopies/dystopies dans le champ de la santé : Anticipations, promesses et pratiques politiques

Comité d’organisation : Alexandra Roux, Tonya Tartour, Boris Hauray, Sébastien Dalgalarondo, Jean-Paul Gaudillière, Livia Velpry.

Argumentaire

Plaidoyer pour un renouveau de la santé publique et des interventions non pharmaceutiques, alerte sur la multiplication des zoonoses et leurs liens à la destruction des écosystèmes, promesses de l’e-santé ou à l’inverse dénonciations des effets iatrogènes cachés/à venir des vaccins et des collusions entre experts et industrie, inquiétude sur un possible effondrement du système hospitalier, remise en cause de la couverture santé, etc. La crise de la Covid-19 a participé à charger la santé, comme domaine social, d’une dimension normative renouvelée qui vient brouiller le primat des rationalités techniques et économiques. Plus généralement, la question des futurs et de leur gouvernement, c’est-à-dire de la façon dont nous les envisageons collectivement, via des scénarios, des anticipations et des promesses – qui se traduisent par des priorisations et des modèles, des pratiques politiques et des expérimentations « de transition ou de rupture » - est un enjeu majeur pour un temps marqué par l’accumulation des crises.

Alors que les définitions classiques s’accordent sur le caractère imaginaire, voire irréalisable, des utopies/dystopies, l’école proposera d’aborder les utopies/dystopies du point de vue des pratiques – celles qui les sous-tendent aussi bien que celles qu’elles promeuvent. Pour explorer ce que font les utopies/dystopies au champ de la santé, l’école thématique travaillera à partir de quatre balises :

  • Le cœur de l’élaboration d’une utopie/dystopie réside dans le travail de confection d’une démarcation ou rupture entre l’état actuel et l’état futur des choses. Les fragments du réel qui seraient amenés à changer sont identifiés et mis à l’épreuve de l’altération, souvent radicale, voire de la suppression.
  • Puisqu’il modifie l’état des choses en profondeur, le changement proposé s’enracine dans un temps long.
  • Dans la continuité, les utopies/dystopies apparaissent toujours comme une proposition de changement d’envergure. A côté des innovations erratiques, des détériorations lentes ou des réformes localisées, les utopies et dystopies engagent une pluralité de domaines du social : l’univers politique, les retentissements sur l’économie (globale), sur la vie quotidienne des individus, etc.
  • L’investissement symbolique ou de forme est un geste que l’on retrouve invariablement dans le travail utopique/dystopique. Qu’il fasse intervenir des images, et/ou une importante strate discursive, l’utopie/dystopie mobilise une esthétique spécifique qui fait partie intégrante de sa place sociale – en témoignent les très nombreuses œuvres littéraires et cinématographiques qui prennent pour objet la santé et mettent en scène des idéaux ou des horreurs non (encore) advenus.

L’utopie/dystopie ne constitue donc pas seulement un univers discursif, elle participe des transformations sociales et sanitaires. Pour éviter une trop grande polarisation sur la relation entre utopie et fiction et pour insister sur l’omniprésence et les dimensions concrètes des rapports au futur dans le champ de la santé, l’organisation scientifique de l’école privilégiera quatre hypothèses ou perspectives d’élaboration pour les contributions des doctorant.e.s qui se rapportent toutes au travail politique des utopies et dystopies :

a. L’existence d’un régime de temporalité propre au travail de l’utopie/dystopie moins centrée sur le présent pour lui-même que la présence du futur en son sein et dont une des caractéristiques fortes est de proposer une ambition de rupture, plus ou moins radicale, entre le passé/présent et le futur imaginé. En ce sens, l’évaluation normative du passé/présent (et l’identification des éléments devant être nécessairement transformés) fait du « réellement existant » l’indice des transformations souhaitées ou craintes.

b. Cette rupture est construite, travaillée par des activités politiques qui mêlent des discours et des imaginaires à des pratiques sociales, institutionnelles, techniques-scientifiques ou encore économiques qui participent de la concrétisation de l’utopie/dystopie. L’école thématique aura alors pour ambition collective d’identifier les outils et les savoirs de l’anticipation qui sous-tendent le travail de l’utopie/dystopie.

c. Ce que l’on pourrait appeler un gouvernement de la santé par l’utopie/dystopie peut relever de registres assez différents, distincts par la nature des objets, des sources (acteurs) ou des solutions proposées. Un des enjeux de l’école sera d’explorer les articulations et les hiérarchisations entre utopies politiques, promesses technologiques en matière de santé, et leurs évolutions.

d. Qu’il s’agisse de l’ailleurs ou des espaces d’expérimentation, les lieux jouent un rôle aussi crucial dans la construction et les effets performatifs de l’utopie ou de la dystopie que la disjonction temporelle entre présent et futur.

Programme

Les "Présentations des docs"

Cette école thématique entend permettre à de jeunes chercheuses et chercheurs de présenter des travaux en cours. Au cours des créneaux “présentation des docs”, chaque participant-e bénéficiera de 30 minutes pour la présentation et la discussion de sa présentation. Chaque contribution fera l’objet d’une présentation de 10 à 15 minutes par son auteur puis sera discutée par les membres du comité d’organisation et les participant-e-s.

Lundi 11 avril, 15h-16h30 : Santé humaine et santé environnementale

  • Sur la démarche Zéro Déchet, par Océane Sipan
  • « Utopie écologiste et utopie médicale alternative en France : exploration des imaginaires et des pratiques communes, de 1968 à nos jours » par Émilie Ménard
  • “De l’enfouissement au déstockage : l’impossible maîtrise des effets toxiques des déchets à Stocamine” par Lisa Claussmann

Mardi 12 avril, 11h-12h30 : Dispositifs de soins innovants

  • “Utopie et idéologie du mouvement pour le rétablissement. Une perspective sociologique” par Antoine Etienne
  • “Les GEM, des utopies à tous les niveaux mais des limites bien réelles” par Stefan Jaffrin
  • “Vaincre la tuberculose ? Signaux faibles, petits nombres et ajustement des attentes (France, années 1940-1970)” par Kylian Godde

Mercredi 13 avril, 11h-13h : Promesses et optimisation : les discours de l’anticipation

  • “« Datafication » de la santé : des promesses du meilleur des mondes à la menace du Big Brother en santé” par Laurène Assailly
  • “De la réhabilitation des personnes handicapées à l’indépendance des personnes âgées : l’évolution de la promesse d’un accompagnement des individus « fragiles » par les robots” par Martin Chevallier
  • “We've mapped the world, now let's map human health” par Jean-Baptiste Fanouillère
  • « Le modafinil ou la promesse utopique d’optimisation des capacités cognitives » Félix Denis

Jeudi 14 avril, 11h-12h: Marché du médicament et approches transnationales

  • “Catégorisations concurrentes et modes de représentations des intérêts constitués : le cas de la politique du médicament à l’OCDE (1996-2019)” par Constantin Brissaud
  • “Sociologie du pharmacien global : Quel rôle du pharmacien dans le secteur de la coopération internationale ?” par Ariadna Nébot Giralt

Les ateliers

L’école thématique sera ponctuée de quatre ateliers de travail en commun.

Atelier 1 (lecture) : Quand les sciences sociales se saisissent des utopies

  • Lundi 11 avril, 16h45-18h45
  • Organisation : Tonya Tartour et Jean-Paul Gaudillière

Atelier II (écriture) : Fabriquer un imaginaire critique, enthousiaste et critique avec les Ateliers de l’Antémonde. Atelier d’anticipation fictionnelle

  • Mardi 12 avril, 14h-18h
  • Les ateliers de l’Antémonde proposent un atelier d’imagination prolongeant l’univers développé dans l’ouvrage Bâtir aussi. Un moment collectif de recherche et d’expérimentation. Sous forme de discussions en petits et grands groupes, les animateurices proposent d’embarquer le public dans l’univers uchronique de l’Haraka, mouvement social qui démarre avec les printemps arabes en 2011 et s’étend à d’autres révoltes ailleurs sur la planète. Ce « labo-fiction » permet d’attiser des imaginaires, mettre en lumière les points de désaccords et susciter du débat. Un temps de mise en fiction ensemble, pour bâtir aussi !

Atelier III (lecture) : Les utopies / dystopies en santé

  • Jeudi 14 avril, 16h-17h30
  • Organisation : Tonya Tartour et Livia Velpry

Atelier IV (séries) : Féminismes, utopies/dystopies et contrôle de la procréation dans les séries (mais aussi films, BD, romans) : des trames narratives émancipatrices ?

  • Vendredi 15 avril, 9h-11h30
  • Organisation : Alexandra Roux, Lucile Ruault et Jean-Paul Gaudillière

Cet atelier propose une réflexion sur la manière dont sont pensés le contrôle de la procréation et les technologies reproductives dans les fictions utopiques/dystopiques, particulièrement dans les séries, où les idées de “surpopulation" mondiale ou au contraire de “pénurie” des naissances semblent devenues plus présentes ces 5-10 dernières années dans de nombreuses trames narratives. Ces trames narratives font souvent figurer un contrôle social ou étatique de la procréation (qui passe dans de nombreux cas par le contrôle des corps des femmes), contre lequel des résistances de femmes, voire féministes, trouvent plusieurs formes pour s’exprimer et s’organiser. De nombreux exemples de films et séries seront mis en regard de l’article de Kathy Rudy qui analyse trois romans utopistes féministes. Les participant·es sont encouragé·es à regarder certaines des séries proposées en exemple en amont de l’école thématique, ou même à venir avec leurs propres exemples de films, séries, romans ou BD. L’atelier comportera une discussion autour de ces exemples, et le visionnage de quelques séquences.

Les conférences

  • Ayo WAHLBERG : “If this trend continues, men will die without sons within fifty years!” - reconfiguring demodystopias in China
    Mardi 12 avril, 9h-10h45
  • Sébastien DALGALARRONDO & Boris HAURAY : L'utopie "anti-âge" : continuités et transformations
    Mercredi 13 avril, 9h-10h45
  • Laurent JEANPIERRE : L’enquête sur les utopies réelles. De la définition à l’opérationnalisation
    Jeudi 14 avril, 9h-10h45
  • Dora VARGHA : Epidemic temporalities: The end and what comes after
    Jeudi 14 avril, 14h-15h45

 


 

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